Le protocole sanitaire renforcé pour les bars/restaurants, appliqué au Pixel depuis le mois de juin, n’a pas été une partie de plaisir à gérer pour nous. Psychologiquement d’abord, car épier les gens et passer notre temps à faire respecter des règles parfois absurdes n’étaient pas chose simple.
Financièrement ensuite, car sans soirée festive, et avec les mesures de distanciation à respecter, impossible d’atteindre le niveau de notre chiffre d’affaires de l’an passé. Pourtant, on ne s’est pas laissé abattre et on a tenté plusieurs choses pour redresser un peu la barre : soirées à thème avec restauration (soirées tapas, soirées barbecue), brunch tous les dimanches. Cela nous a demandé beaucoup de travail et de préparation et nous a obligé à adapter sans cesse les horaires et conditions de travail de nos salariés. Pour quelques semaines, ça allait, au bout de quelques mois, ça commençait à peser un peu sur le moral.
Alors en période de confinement, pas facile de réadapter toute notre activité pour mettre en place la vente à emporter. Au Pixel, la restauration représente 40 % du chiffre d’affaires. 60 % provient de la vente de boissons en journée et surtout en soirée. A l’inverse, l’activité de restauration mobilise au moins 60 % du temps de travail des salariés du Pixel. Autrement dit, l’activité de restauration est très gourmande en efforts mais pas très rémunératrice, notamment quand on travaille, comme au Pixel, avec des produits frais, bio, et sans recours aux produits industriels et transformés. Impossible alors d’atteindre un chiffre d’affaires suffisant pour équilibrer les charges, uniquement avec la vente à emporter.
Même si cette activité est peu rémunératrice, nous avons toujours souhaité mettre au cœur du projet du Pixel la restauration (avec un volet solidaire : comprendre notre tarification solidaire par ici). Cela a du sens pour nous. La cuisine n’offre pas seulement un service et un produit, elle véhicule des valeurs (le partage, la convivialité, le lien social) et elle poursuit un but d’éducation populaire (sur la qualité des produits, le travail de nos maraîchers, le respect de la terre, le sens de l'agriculture biologique, le bien-être et la santé humaine et animale…). A condition que cela se passe avec nous, avec vous, ensemble.
Pour résumer, proposer de la restauration à emporter, ce serait pour nous à la fois une perte financière, à la fois un choix difficile d’utiliser des emballages à usage unique (même biodégradables, cela reste des déchets), mais ce serait surtout une perte de sens pour notre métier. Nous, seuls dans notre cuisine, sans l’énergie du rush, sans le joyeux brouhaha de la salle, sans sentir la chaleur qui s’en dégage… Vous, à déguster vos plats à la maison sans l'effervescence d’un service, le sourire de nos serveurs, les croisements de vie... On refuse également de faire appel aux services de livraison de start-up internationales, qui n'ont aucun lien avec les valeurs que nous souhaitons véhiculer toute l'année au Pixel.
Tout ça pour vous dire qu’on fait au mieux, d’abord pour vous, aussi pour nos salariés, et pour tenter de préserver, un peu, la planète, et surtout le projet du café-restaurant associatif et culturel Le Pixel.
On revient dès que possible.
- L'association La Furieuse -